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Politique

Code du travail, emplois aidés, APL, CSG... Voici ce qu'il faut retenir de l'entretien de Macron au Point

Le président de la république a accordé un long entretien à l'hebdomadaire Le Point dans lequel il livre sa vision de la France. Réforme du code du travail, APL, CSG, emplois aidés, budget de la zone euro, Poutine Erdogan, la crise avec les militaires... Emmanuel Macron passe en revue les principaux dossiers chauds de la rentrée. 

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Emmanuel Macron le 27 août 2017

Le président de la République a accordé au Point un entretien-fleuve. Retour ses ses principales déclarations. 

Bertrand GUAY / AFP

Pour marquer la rentrée qui promet d'être chaude, le président Emmanuel macron se livre dans un entretien-fleuve à paraître jeudi dans Le Point. "Les cent jours ne sont pas une étape pertinente", déclare le chef de l'Etat qui a pris ses fonctions le 14 mai dernier, mais il reconnaît "l'impatience du peuple", assume les efforts demandés et veut être jugé sur la durée, promettant une transformation profonde du pays.

Sur plus de 20 pages, il détaille dans l'hebdomadaire ses vastes ambitions pour refaire de la France une "grande puissance" internationale tout en réalisant des réformes de grande ampleur sur tous les fronts - éducation, code du travail, aides sociales, fiscalité, logement, sécurité. "Jamais un président de la République en exercice ne s'était à ce point confié", explique l'hebdomadaire qui livre la vision du président pour le quinquennat. Voici les principales déclarations qu'il faut retenir. 

  • Réforme du code du travail

Le président Emmanuel Macron assure que la réforme du code du travail qu'il est en train de mener par ordonnances est "une réforme de transformation profonde". "La réforme du marché du travail est une réforme de transformation profonde et, comme je m'y suis engagé, elle doit être assez ambitieuse et efficace pour continuer à faire baisser le chômage de masse et permettre de ne pas revenir sur ce sujet durant le quinquennat", explique le chef de l'Etat, à la veille de la présentation des ordonnances par le Premier ministre Edouard Philippe.

"Nous sommes la seule grande économie de l'Union européenne qui n'a pas vaincu le chômage de masse depuis plus de trois décennies", rappelle-t-il, parlant de la France comme d'"un pays de météorologues: on regarde la conjoncture et, dès que ça va un peu mieux, il ne faudrait plus demander d'efforts (...)". "Dès que ça va moins bien, en revanche, il faut lancer en urgence une réforme qui ne parvient jamais à son terme en raison justement de la dureté de la situation !", déplore-t-il

Pour le chef de l'Etat, "les principales victimes de l'impuissance des trente dernières années à sortir du chômage de masse, ce sont les jeunes et les moins qualifiés". Il justifie également son choix d'agir très rapidement, par ordonnances. "Cela met du temps à se décliner dans les comportements et à produire ainsi tous ses résultats", assure-t-il, convaincu qu'"on ne change pas une société par une loi ou un décret, cela prend entre dix-huit et vingt-quatre mois pour infuser".

A ce titre, il place en premier lieu la nécessité de "simplifier drastiquement la vie des entreprises de moins de 50 salariés" afin de leur permettre de "négocier des accords d'entreprise, y compris lorsque les syndicats ne sont pas présents, par l'intermédiaire des représentants du personnel, voire directement avec leurs salariés, dans les plus petites". Pour les entreprises au dessus de 50 salariés, il répète sa volonté de "simplifier de manière radicale les instances de représentation du personnel", en la réduisant à une seule instance. "Cela atténuera les effets de seuil, c'est-à-dire ces situations qui voient des entreprises refuser de grossir par crainte des contraintes nouvelles que cela entraîne".

Le président confirme en outre son intention de "mettre en place un barème de dommages et intérêts aux prud'hommes". "Les indemnités légales en France sont inférieures à ce qui se fait ailleurs en Europe, nous les augmenterons. En revanche, les dommages et intérêts, eux, vont du simple au quintuple pour la même situation. C'est absurde et injuste", argumente-t-il.

  • Emplois aidés

Le président Emmanuel Macron estime que les emplois aidés ont été "trop souvent" une "perversion de la politique de l'emploi", dénonçant leur caractère "clientéliste" qui "suit souvent le cycle électoral" . "C'est de la subvention déguisée vers les collectivités locales ou le secteur associatif", explique le chef de l'Etat qui rappelle que "le taux de retour à l'emploi durable des personnes concernées est en effet très faible".

Si "certains" emplois aidés sont "utiles", d'autres ne le sont pas, juge le président, pour qui dans le premier cas, ils doivent "entrer dans la dotation des collectivités locales ou dans les subventions aux associations". "Mais qu'on ne nous dise pas que c'est une politique de l'emploi !". Pour lui, il s'agit "essentiellement (d')une politique conjoncturelle, quand elle n'est pas clientéliste, et qui suit souvent le cycle électoral".

"Pour un jeune des quartiers difficiles, ce n'est pas un contrat aidé qui va changer sa vie. Ce qui peut bouleverser la donne, c'est une vraie politique de lutte contre les discriminations, une vraie politique de formation, une vraie politique d'ouverture du marché de l'emploi", argumente-t-il. Il évoque à ce titre "des mesures fortes contre les discriminations et une vraie politique d'allégement du coût du travail".

Le Premier ministre Edouard Philippe avait évalué la semaine dernière la réduction des emplois aidés à 320.000 en 2017 pour 459.000 en 2016. Mercredi, Matignon a annoncé que le gouvernement recevrait "d'ici la fin de la semaine" les représentants des collectivités territoriales qui se sont inquiétées de cette baisse, à quelques jours de la rentrée scolaire.

  • Hollande et sa mise en garde sur le code du travail

Emmanuel Macron réplique aux mises en garde récentes de François Hollande et juge "étrange" que l'ex-président "justifie son bilan devant des journalistes" alors qu'il n'a pas été en mesure de se représenter à la présidentielle. "J'ai du respect pour François Hollande", répond-il. "Je pense qu'il y a eu de bonnes mesures économiques et sociales lors du précédent quinquennat, et j'espère y voir contribué". "Mais il serait étrange que l'impossibilité qui a été la sienne de défendre son bilan devant les Français puisse motiver une tentation, durant les années qui viennent, de le justifier devant les journalistes", fait valoir le président de la République.

Un peu plus de trois mois après son départ de l'Elysée, François Hollande avait notamment prévenu son successeur qu'il "ne faudrait pas demander aux Français des sacrifices qui ne sont pas utiles" ni "flexibiliser le marché du travail au-delà de ce que nous avons déjà fait, au risque de créer des ruptures".

  • APL

Emmanuel Macron affirme qu'il envisage d'aller au-delà de la controversée baisse de 5 euros des APL, mais dans le cadre d'une "transformation profonde qui doit faire baisser les loyers". Alors que l'aide personnalisée au logement alimente selon lui la hausse des loyers, le chef de l'Etat préconise "un choc d'offre", que doit permettre un projet de loi présenté à l'automne. "Il faut libérer le droit de l'urbanisme, les procédures, réduire les coûts, les normes, libérer le foncier public et parapublic plus fortement en permettant de vendre à bas prix, simplifier ces règles en ciblant en particulier les zones tendues, c'est-à-dire le Grand Paris, Lyon et la frontière suisse, ainsi qu'Aix-Marseille", explique M. Macron. "Dans ces endroits-là, nous allons mettre en place un système d'exception pour réduire les coûts", poursuit-il.

  • CSG

Le président demande un "effort" aux retraités "les plus aisés". "Les pauvres d'aujourd'hui sont souvent moins les retraités que les jeunes. Je leur demande donc, pour les plus aisés, un effort, je l'ai dit. Et leur effort permet de récompenser le travail", souligne-t-il.

  • Crise avec le général Pierre de Villiers et les armées

Le président "n'a pas de regret" et "assume totalement" la crise qu'il a eue en juillet avec les armées, qui a entraîné la démission du chef d'état major des armés, Pierre de Villiers. "Les armées ne font pas ce qu'elles veulent, elles ne sont pas autopilotées", lâche le chef des armées, qui estime que cette affaire a été "une tempête dans un verre d'eau". Concernant le budget de la défense, le chef des armées assure qu'"aucune opération n'a été bloquée", "aucun de nos soldats n'a eu à pâtir" des coupes décidées. "On a simplement reporté des commandes de matériel. C'était une nécessité pour tenir nos engagements et cela n'a en aucune manière entravé notre capacité opérationnelle. Au bout du compte, pour nos armées, le budget exécuté correspondra au budget voté", ajoute M. Macron, en soulignant que "ce budget connaîtra en 2018 une augmentation historique".

  • Budget de la zone euro

Emmanuel Macron esquisse sa future proposition pour un budget de la zone euro, qui s'accompagnerait d'une capacité de lever de la dette en commun sur les marchés et pourrait être progressivement financé par un basculement d'une part de la fiscalité nationale. Le président répète par ailleurs son souhait que des règles interdisent la prise de contrôle d'entreprises européennes stratégiques par des groupes étrangers, une idée contestée par certains Etats membres. Emmanuel Macron a annoncé mardi qu'il présenterait des propositions sur une dizaine de sujets européens après les élections législatives allemandes du 24 septembre, dont un renforcement de l'Union économique et monétaire. "Je souhaite notamment une capacité budgétaire de la zone euro, un exécutif et un Parlement pour en assurer le contrôle démocratique", explique-t-il, reprenant les termes qu'il avait utilisés pendant la campagne présidentielle. Des responsables français se sont dits depuis ouverts aux souhaits exprimés par Berlin, qui vont moins loin. Aux yeux d'Emmanuel Macron, ce futur budget "représente plusieurs points du PIB de la zone euro" et "marque d'abord une capacité à lever en commun de l'argent sur les marchés". "La création d'un tel budget revient à établir d'abord un minimum de solidarité afin de disposer ensuite de la capacité de lever de l'argent en commun, d'investir et d'absorber les chocs économiques qui peuvent frapper l'Europe", poursuit-il. Cette progressivité semble être en partie compatible avec l'idée du ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, soutenue par la chancelière Angela Merkel, de transformer le fonds de sauvetage de la zone euro - le Mécanisme européen de stabilité (MES) - en un Fonds monétaire européen. "Ce budget pourrait être gagé progressivement par l'attribution d'une part de fiscalité aujourd'hui nationale", poursuit Emmanuel Macron.

  • Poutine et l'Ukraine

La France ne laissera "rien passer" au président russe Vladimir Poutine sur l'Ukraine, un dossier sur lequel Paris a un "différend absolu" avec Moscou, déclare Emmanuel Macron. "Sur l'Ukraine, nous avons un différend absolu avec Vladimir Poutine. Je l'acte. La France ne lui passera rien", souligne le chef de l'Etat. Moscou est sous le coup de sanctions économiques pour son rôle dans le conflit dans l'est de l'Ukraine qui a fait près de 10.000 morts depuis avril 2014. La Russie, qui a annexé la Crimée en 2014 - une action non reconnue par la communauté internationale - dément soutenir directement les combattants séparatistes pro-russes. La France est engagée dans le processus de règlement du conflit dans le cadre du "Format Normandie", qui réunit Paris, Kiev, Moscou et Berlin. Paris a "malgré tout" "inauguré un dialogue" avec la Russie "entre sociétés civiles, le dialogue de Trianon, que nous allons mettre en œuvre", poursuit Emmanuel Macron, dans une allusion au tête-à-tête avec Vladimir Poutine fin mai à Versailles. "Nous avons aussi des accords, notamment sur la politique climatique. Il (Vladimir Poutine) est prêt à nous suivre", ajoute-t-il. "Et puis nous avons des voies de progrès sur la Syrie. Si Vladimir Poutine m'aide à avancer (sur les armes chimiques et les accords humanitaires-NDLR), nous pourrons avoir des points de convergence."

  • Recep Tayyip Erdogan

Emmanuel Macron ironise sur ses conversations régulières avec le président turc Recep Tayyip Erdogan. Au chapitre international de cette longue interview, le président français déclare à ses interlocuteurs que "la scène internationale n'a pas grand-chose de 'cool ', vous savez". "Je suis aussi celui qui est obligé de parler tous les dix jours à Erdogan", ajoute-t-il, sans plus de précision. La dernière conversation téléphonique entre les deux hommes remonte à dimanche dernier à propos du journaliste français détenu en Turquie Loup Bureau, dont Emmanuel Macron a demandé la libération à son homologue. Les tensions sont vives entre Ankara et les pays de l'Union européenne depuis la répression qui a suivi le coup d'Etat de juillet 2016 en Turquie.

  • L'héroïsme politique

"Notre société a besoin de récits collectifs, de rêves, d’héroïsme, afin que certains ne trouvent pas l'absolu dans les fanatismes ou la pulsion de mort". Emmanuel "croit" en "la reconstruction d’un héroïsme politique, d’une vraie ambition, pour atteindre y compris ce qui est décrit comme impossible. Si ce qui est décrété impossible n’était pas possible, je ne serais pas devant vous aujourd’hui".

  • L'université

Emmanuel Macron promet que le tirage au sort n'aura plus cours et qu'il va "entamer une révolution de l'éducation". Il souhaite également "transformer l'orientation dès le début du lycée" et "rendre l'accès au supérieur plus transparent, clair et pratique".

  • Les liens entre presse et industriels

Emmanuel Macron adresse aussi une pique au Figaro, propriété de Serge Dassault, en déplorant "la consanguinité" entre "une partie des industriels" de la défense "et la presse". Revenant sur les polémiques concernant le budget de la défense, Emmanuel Macron s'est dit "surpris", en visant clairement Le Figaro, que "personne ne relève que des journaux financés par les contrats de défense ont mené une campagne de plusieurs semaines pour protéger ces derniers". "La consanguinité entre une partie des industriels du secteur et la presse pose question", estime-t-il.

  • Jean-Luc Mélenchon

"Je respecte toutes les oppositions. Mais notez que Jean-Luc Mélenchon n'apporte aucune solution pour les vrais sacrifiés du système", note Emmanuel Macron. "C'est quand vous réformez le marché du travail et du logement que vous faites un politique pour la jeunesse. C'est en recréant des libertés et de la mobilité." "Pour les plus fragiles, on pense qu'on a tout fait en leur donnant des droits abstraits et de l'argent. Or c'est un accès et de l'accompagnement qu'il faut leur garantir".

  • Terrorisme

"ma position n’a pas varié. D’un côté, dire que le terrorisme que l’on connaît aujourd’hui n’a rien à voir avec un islamisme politique est faux. Mais, de l’autre, dire que c’est un terrorisme « islamique », comme le proclament certains responsables politiques, est une erreur. En effet, cela revient à impliquer les plus de 4 millions de Français qui sont de confession musulmane : je ne veux pas laisser dire qu’ils ont quelque chose à voir avec le terrorisme. Mais ce terrorisme est islamiste, car il a évidemment un lien avec l’islamisme radical. [...]. Ce terrorisme islamiste a également des répercussions sismiques, il déclenche des réactions mimétiques chez des individus qui souffrent de très graves maladies psychiatriques et y trouvent un prétexte pour commettre des attaques ignobles alors qu’ils n’ont rien à voir avec la religion. C’est pourquoi notre réponse au terrorisme ne peut être que multiple, afin d’y inclure toutes ces dimensions. Elle doit être à la fois sécuritaire, économique, ... culturelle et éducative". 

(Avec AFP et Reuters)

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