« Les lettres transportées par ballons gonflés de Paris vers l’extérieur de la ville constituent une thématique très intéressante et un sujet de collection très prisé, explique Jean-Louis Emmenegger, en introduction de son article consacré aux « Ballons montés : 150 ans (1870-2020) », paru dans la revue suisse Rhône philatélie de décembre 2020. La raison en tient principalement au fait qu’il s’agit là du premier courrier postal officiellement transporté par les airs : c’est la première poste aérienne au monde ! ».
L’auteur ne manque pas de rappeler le contexte historique de la guerre franco-prussienne qui conduit la capitale française à être assiégée du 19 septembre 1870 au 28 janvier 1871. Puis il décrit le fonctionnement de la poste par ballons : avis au public, supports de correspondance, affranchissements, etc. « En ville de Paris, huit lieux furent choisis pour le départ des ballons (…) fabriqués quasiment à la chaîne dans une grande halle ». Ainsi, « 66 ballons s’envolèrent (…). Parmi les pilotes, on trouve 18 aérostiers, 17 volontaires et 30 marins. Six ballons furent capturés par les Prussiens et deux ballons ont disparu en mer. En tout, ils ont transporté environ 2,5 millions de pièces de courrier, 381 pigeons voyageurs, 164 passagers et 5 chiens ». Poussés par les vents, parfois difficiles à contrôler, cinq ballons ont atterri en Belgique, trois aux Pays-Bas, deux en Allemagne, l’un a même volé jusqu’en Norvège »…
On trouve des courriers adressés en France bien sûr, mais aussi à des correspondants dans de nombreux pays du monde entier, jusqu’à Cuba, l’Uruguay et même l’Australie. Et la Suisse !…
« Le spécialiste suisse qui collectionne les ballons montés expédiés en Suisse, Ralph Kühne, en a recensé quelque 130 adressés en Suisse alémanique (…). Selon Yvert et Tellier, on compte 300 lettres portant une adresse en Suisse, dont plus d’une centaine en Suisse Romande ».
La Poste française a émis trois timbres commémoratifs sur le thème des ballons montés, en 1955, en 1971 et, le dernier, le 9 novembre 2020 qui montre le premier d’entre eux à décoller, Le Neptune, dessiné et gravé par André Lavergne, mis en page par Valérie Besser et imprimé en taille-douce.
Sous le titre « Ma pièce préférée », Armin Eichenberger présente une lettre adressée par Jules Bon à Genève, à Louis Doret, à Vevey, le 12 mars 1835. Beau cachet linéaire de Genève n° 92 en service de 1833 à 1835… mais ce qui fait l’intérêt de cette pièce concerne l’expéditeur !…
Le collectionneur explique que son attention a été attirée par « le nom de l’expéditeur, Jules Bon. Au XIXe siècle, près de 2000 Suisses ont quitté la Suisse en quête d’une vie meilleure au Brésil. L’émigration suisse en 1819 a conduit la fondation de la ville de Nova Friburgo, au Brésil. Henrique Bon, né à Nova Friburgo dans une famille issue de cette émigration, a publié en 2008, en portugais, un roman sur l’histoire tourmentée de ces Suisses (…). En 2017, une traduction du livre en français est parue sous le titre Un Aller simple pour Nova Friburgo. Ou quand la philatélie rejoint l’histoire… ».
Monographie : Serge Fustier propose deux pages sur le timbre français au type Merson et ses variétés.
L’auteur note que « la série en timbres oblitérés est accessible, à part quelques valeurs comme celle du Congrès philatélique de Bordeaux en 1923 ou celle de l’exposition du Havre, en 1928 ». Aussi, pour échapper à la banalité d’une collection trop « accessible », il suggère de s’intéresser aux oblitérations ou aux variétés d’impression. « Certaines d’entre elles sont très recherchées et ont pris une certaine valeur », relève-t-il, insistant sur les non dentelés, les centres déplacés, sans teinte de fond, avec une double voire une triple teinte de fond, qu’il présente en timbres détachés ou sur lettres.
Autres sujets traités : « L’étiquette Guynemer de poste aérienne », par Pierre Sanders ; « Timbres découpés : falsifications et manipulations » sur la série Helvetia assise non dentelée de 1854-1863 (Strubel), par Erhard Keller ; « Collectionner les oblitérations », par Roberto Lopez (cela me rappelle l’époque où, au Monde philatélistes, avec Jean-Louis Bénéteau, nous recherchions les oblitérations « lames de rasoir » suisses !) ; « L’incroyable histoire du bureau de la poste roumaine à Constantinople », par Michel Soulie.
A noter, concernant l’article de E. Keller sur les falsifications, que la rédaction de Rhône philatélie dispose de quelques exemplaires du Catalogue des timbres Strubel, de U. Hermann, auquel E. Keller avait contribué, qui seront envoyés gratuitement aux abonnés qui en feront la demande par courriel au rédacteur en chef (jl.emmenegger@gmail.com). Une bonne raison de s’abonner !…
Quelques infos piquées au fil des pages de cette excellente revue :
Succession. Dans une « tribune libre », Roberto Lopez relève qu’à cause de la pandémie, « rien qu’en Romandie, au moins deux clubs ne trouvent pas de relève pour remplacer leur président ». Il préconise de « prévoir le remplacement d’un président deux à trois ans à l’avance. Idéalement, comme cela a été fait au niveau de la Fédération suisse, la personne destinée à reprendre le flambeau devrait intégrer le comité rapidement pour se familiariser avec les affaires de son club ».
Campione d’Italia. Un article de cinq pages est paru (en anglais) dans le Bulletin d’août de la Helvetia Philatelic Society of Great Britain sur Campione d’Italia. Le PDF de ce numéro sera envoyé à tout lecteur/toute lectrice qui en fera la demande auprès de la rédaction (jl.emmenegger@gmail.com).
Dégradation. « Peter Feuser, commissaire-priseur allemand pendant des décennies, est l’auteur d’une brochure (« Zwanzig Jahre Bleisulfidskandal », 84 pages, en allemand, 5 euros auprès de l’auteur, feuser-auktionen@t-online.de) dans laquelle il attire l’attention des philatélistes sur le fait que les feuilles de plastique contenant du PVC pouvaient entraîner des changements chimiques indésirables (et inaltérables) dans les couleurs des timbres » (voir PDF https://usercontent.one/wp/www.briefmarkenfreunde-bonn.de/wp-content/uploads/2020/04/Zwanzig-Jahre-Bleisulfidskandal1.pdf).
Islande. La poste islandaise a annoncé que son émission de timbres du 29 octobre 2020 serait la dernière et qu’après cette date, elle n’émettrait plus de timbres du tout (…). Avec quoi les habitants et les centaines de milliers de touristes qui visitent l’Islande vont-ils affranchir leurs lettres privées et commerciales et leurs cartes postales ?
Le pied ! Le fabricant des souliers Bally possédait une collection de timbres de la Suisse classique, dispersée en 1965. Mais auparavant, Iwan Bally avait photographié les pages de sa collection… que la maison SwissPhila propose sous la forme imprimée d’un livre, qui n’a été imprimé qu’à 50 exemplaires… (Die Sammlung Iwan Bally. Kantonal und Bundesmarken, format A4, 260 pages. Commandes : www.swissphila.ch ou bien SwissPhila, Gunterbergstr. 9, 9435 Heerbrugg, Suisse).
« Rhône philatélie », 48 pages (juin) et 56 pages (septembre), trimestriel édité par l’Entente philatélique Valais/Haut-Léman. Adresse : case postale 143, 1860 Aigle, Suisse. Courriel : rhonephilatelie@bluewin.ch. Tirage : 1 400 exemplaires. Abonnement annuel : 26 francs suisses pour la Suisse, 35 francs suisses pour l’Europe. Rédacteur en chef : Jean-Louis Emmenegger, case postale 110, 1009 Pully, Suisse (courriel : jl.emmenegger@gmail.com).
Si vous souhaitez que la revue, l’ouvrage, édités par votre association soit chroniqués, il vous suffit d’en faire parvenir un exemplaire à cette adresse : « Le Monde », Pierre Jullien, 67-69, avenue Pierre Mendès France, 75013 Paris.
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