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Néandertaliens et Denisoviens, cousins de l'Homme, ont divergé plus tôt qu'estimé

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Une cave à Goyet, en Belgique où ont été retrouvé des os et des dents des Néandertaliens, le 19 décembre 2016-AFP/EMMANUEL DUNAND
Une cave à Goyet, en Belgique où ont été retrouvé des os et des dents des Néandertaliens, le 19 décembre 2016-AFP/EMMANUEL DUNAND

Les Néandertaliens et les Denisoviens, deux anciens cousins des humains, ont divergé il y a environ 744.000 ans, beaucoup plus tôt qu'on ne le pensait, selon une étude publiée lundi qui apporte un nouvel éclairage sur l'évolution de ces populations et de l'homme moderne.

La lignée Neandertal-Denisova était presque éteinte après s'être séparée de celle des hommes modernes plusieurs centaines de milliers d'années auparavant, ne comptant que quelques centaines d'individus, ont déterminé ces chercheurs dont les travaux paraissent dans les Comptes rendus de l'Académie américaine des sciences (PNAS).

Après la divergence entre Denisoviens et Néandertaliens, ces derniers ont connu un net accroissement démographique, atteignant des dizaines de milliers d'individus, expliquent-ils.

Jusqu'alors, on estimait que la population néandertalienne n'avait probablement pas excédé le millier.

Cette estimation s'appuyait en partie sur le fait que l'ADN de l'homme de Neandertal contient des mutations trouvées généralement dans des groupes de taille réduite où il y a peu de diversité génétique.

On a pourtant découvert des restes de Néandertaliens, dans de multiples lieux, qui sont génétiquement différents.

- Des dizaines de milliers -

Cela conforte les résultats de cette dernière étude, qui suggère que les Néandertaliens formaient probablement de petits groupes isolés d'individus, ce qui explique les mutations génétiques caractéristiques d'une population réduite. Mais en fait, ils était globalement beaucoup plus nombreux.

"L'idée, c'est qu'il y avait de petits groupes géographiquement isolés qui avaient des contacts de temps à autre, restant la plupart du temps entre eux", explique Ryan Bohlender, un chercheur au Centre Anderson du Cancer à l'université du Texas, co-auteur de cette étude.

"Il existe une riche collection de fossiles de Néandertaliens et de nombreux sites où ils ont laissé des vestiges", pointe Alan Rogers, professeur d'anthropologie à l'université d'Utah, qui a mené l'étude.

Selon lui, "il est difficile d'imaginer que cela a été possible si leur population n'excédait pas un millier d'individus sur la Terre, en l'occurrence en Europe".

"Nos estimations démontrent la présence d'une large population néandertalienne qui a contribué au patrimoine génétique des humains modernes", a précisé dans un courriel à l'AFP le professeur Rogers.

Cette nouvelle approche confirme toutefois les précédentes estimations selon lesquelles les Eurasiens d'aujourd'hui ont environ 2% de gènes de Neandertal dans leur génome.

Cette analyse révèle également que Néandertaliens et Denisoviens partageaient une mutation unique avant leur séparation, ce qui a permis de dater cette divergence entre ces deux lignées archaïques.

- Goulot d'étranglement -

Pour leur étude, ces scientifiques ont utilisé une méthode statistique permettant de reconstituer l'évolution des différents groupes de populations --Africains et Eurasiens modernes, Néandertaliens et Denisoviens-- basée sur la fréquence des traits génétiques partagés.

Il est ainsi possible de déterminer quand ces groupes ont divergé et la tailles des populations respectives ayant contribué au patrimoine génétique.

Cette dernière étude a également mis en évidence un goulot d'étranglement insoupçonné dans l'histoire des Néandertaliens et des Denisoviens, relève le professeur Rogers.

Ce phénomène entraîne une diminution de l'effectif du groupe d'origine et à partir de là l'émergence d'une nouvelle population par les survivants de l'ancienne dotée de caractéristiques génétiques radicalement différentes.

Le fait que Néandertaliens et Denisoviens aient divergé très tôt laisse aussi penser que l'Homo heidelbergensis, un hominidé éteint, était un des premiers Néandertalien, avance également le professeur Rogers.

L'Homo heidelbergensis aurait vécu en Europe entre environ 650.000 et 300.000 ans avant notre ère.

Les Néandertaliens ont disparu de la face de la Terre il y a 38.000 ans, soit 2.000 ans plus tard environ que l'homme de Denisova qui vivait en Asie orientale, de la Sibérie à l'Asie du Sud.

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