“Cash Investigation” nous explique pourquoi le recyclage du plastique, c'est bidon

Contrairement à ce que veulent nous faire croire les lobbys, le plastique est dangereux. Même recyclé. Ce mardi 11 septembre, “Cash Investigation” le démontre avec son enquête “Plastique, la grande intox”.

Par Emmanuelle Skyvington

Publié le 10 septembre 2018 à 14h30

Mis à jour le 08 décembre 2020 à 01h17

Oubliées, les années 1950, où les objets en plastique, farandole de formes modernes, colorées, légères et solides, brillaient de mille feux. Notre planète croule sous les déchets polymères ; un « septième continent » de 1,6 million de kilomètres carrés de détritus marins flottants asphyxie le Pacifique. Et si les coupables n’étaient pas uniquement les consommateurs ? Le dernier numéro de Cash investigation propose une sidérante enquête, Plastique, la grande intox, qui pointe notamment du doigt le lobbying effréné (et efficace) des industries plastiques et dévoile les failles ­potentiellement dangereuses du recyclage de certaines matières plastiques. Si ce numéro de Cash n’apporte pas à proprement parler de révélations, il met crûment en lumière des informations largement passées jusqu’ici sous le radar. La preuve par trois.

Des associations pour l’environnement financées par des industriels

Le rôle des « lobbys dans les cercles du pouvoir », dénoncé la semaine dernière par Nicolas Hulot lors de l’annonce de sa démission, est au cœur de ce numéro de Cash. La journaliste Sandrine Rigaud retrace, avec minutie, les liens souterrains qui existent entre des groupes de défense de l’environnement et les producteurs d’emballages. L’association Gestes propres, qui organise des campagnes de sensibilisation pour lutter contre les déchets sauvages et marins, est ainsi financée par les vendeurs de plastique (Coca-Cola, Cristaline, Danone…). Pas désintéressés, évidemment. L’objectif est de responsabiliser les « affreux consommateurs-jeteurs » de déchets sauvages (et notamment de bouteilles en plastique), plutôt que de voir arriver dans le débat public la question de se passer purement et simplement du plastique dans les emballages… Cash investigation démontre ensuite que le même mécanisme est en œuvre au niveau ­européen. Efficace pour peser sur les décisions politiques.

Les promesses non tenues de Coca-Cola

En épluchant les rapports annuels de la multinationale et en débusquant une note interne secrète, le magazine démontre comment l’entreprise qui produit cent vingt milliards de bouteilles en plastique par an a multiplié, depuis des années, des stratégies contradictoires sur la question du recyclage de ses bouteilles usagées. On y découvre que la firme, loin d’accélérer les mesures de traitement des déchets comme elle s’y engageait, prônait encore récemment la réduction des objectifs de collecte et de recyclage ! « Cette note ne reflète pas notre politique aujourd’hui », martèle Michael Goltzman, vice-président de The Coca-Cola Company, lors d’un échange tendu avec Elise Lucet. On est prié de le croire sur parole.

Des produits toxiques dans des jouets

Connaissez-vous les polluants organiques persistants, dits POP ? Contenant du brome aux propriétés ignifuges, ces molécules entrent dans la composition de plastiques utilisés dans la fabrication de gros et petits appareils électroménagers, d’outils, de consoles de jeux… Problème : ces POP sont dangereux pour l’homme, parce que ce sont des « perturbateurs endocriniens », des « cancérogènes probables » et qu’ils sont « neurotoxiques ». Or, Cash démontre qu’on en retrouve à des taux très élevés dans des objets manipulés par les enfants (des jouets notamment). Pourtant interdits, ils sont passés à travers les maillages du tri dans l’opération de recyclage. Et ce plastique, recyclé certes, mais impur, a servi à fabriquer ces petits jouets… Après le bisphénol A, un nouveau scandale sanitaire ?


on aime beaucoup Plastique, la grande intox, mardi 11 septembre, 21h, sur France 2

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