Tendance: le smartphone, nouveau coach sportif

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Faire des pompes en touchant du nez l’écran de son téléphone, s’entraîner à courir un marathon, calculer le nombre de calories brûlées ou prendre sa fréquence cardiaque, les smartphones se font entraîneurs, avec le succès grandissant des applications de coaching sportif.

«Au début, je courais deux kilomètres, j’étais grassouillet. L’appli m’a motivé, je courais mieux, plus vite, plus loin. Aujourd’hui, je cours trois fois par semaine, en moyenne 80 kilomètres par mois», raconte Denis Lopez, commercial de 42 ans, adepte de l’appli Nike Running depuis trois ans.

«J’avais déjà essayé de courir seul, continue-t-il, mais c’était pas terrible. Il n’y avait rien pour me motiver...»

Puma, Nike, New Balance, Adidas, Reebok, Asics, toutes les marques d’équipement sportif ont désormais leur application, en version gratuite ou payante, entre 2 et 10 euros par mois, en fonction de l’offre proposée.

GPS enregistrant le parcours, programme pour préparer un marathon, chronomètre, vitesse, calories brûlées, playlists de musique à télécharger, les applications multiplient les services pour accompagner les sportifs.

Parmi les leaders du marché, Runtastic revendique 85 millions de téléchargements et Runkeeper 34 millions d’usagers.

Ces sociétés ont très vite diversifié les sports proposés pour séduire un public plus large: du footing, activité de base, à la natation, vélo, musculation... Sans oublier la commercialisation de produits dérivés, comme la puce à glisser dans la basket, la montre connectée, la balance ou la ceinture de fréquence cardiaque...

Les développeurs rivalisent d’imagination et insistent sur l’aspect communautaire pour fidéliser leurs utilisateurs: messages d’encouragements, défis sportifs lancés aux internautes ou exploits personnels à partager sur les réseaux sociaux.

Avec 35.000 téléchargements de son application, le français Fysiki, «seul site de coaching sportif soutenu par le ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche», affiche «un taux de reconduite mensuelle de 92%» de ses abonnements, «quand une salle de sport a en moyenne un taux d’abandon de 80% au bout d’un mois», d’après son président Julien Lavault.

Pas la même clientèle

Moins chères qu’un entraîneur, les applications pourraient-elles faire de l’ombre aux (vrais) coaches sportifs?

Pour Romain Lala-Bouali, gérant de «JustCoaching», ces applications s’avèrent utiles: «On s’en sert avec nos clients, surtout pour le footing», souligne cet entraîneur.

Pour lui, les applications ne s’adressent pas à la même clientèle: «Ce n’est pas le même budget. Nous, on est sur des mères de famille, des sportifs, avec un fort pouvoir d’achat... on ne touchera jamais les étudiants».

La motivation n’est pas non plus la même: «C’est sûr qu’il n’y a rien qui m’oblige à aller courir», s’amuse Cécile, une utilisatrice de Nike Running.

«Avec une appli, on abandonne vite, alors qu’avec nous, même si vous êtes fatigués, vous ne pouvez pas annuler, vous avez rendez-vous», souligne Romain Lala-Bouali.

Le coach met aussi en garde contre les mauvaises postures, que le smartphone ne peut corriger: «Si vous avez mal à l’épaule, l’appli, elle, ne sait pas modifier son programme. Nous on s’adapte à votre âge, au lieu d’entraînement...».

Mais les applis contre-attaquent avec de nouvelles fonctions, entre gadgets et nouvelles technologies: Runtastic propose de compter ses pompes en effleurant l’écran du bout du nez, de mesurer sa fréquence cardiaque grâce au capteur de l’appareil photo ou de se distraire pendant la séance avec des histoires de 30 à 40 minutes, avec musique et sons d’ambiance, «comme si vous étiez un prisonnier échappé d’Alcatraz, ou dans la forêt d’Amazonie».

Le site «Running heroes», lui, récompense les sportifs en leur faisant bénéficier de bons de réduction dans les entreprises partenaires à chaque fois qu’ils courent avec leur application.

Certains adeptes de ces applis leur ont même trouvé un nouvel usage. Ils organisent leur parcours de façon à ce que leur tracé GPS dessine un personnage ou une figure — dragons, coeurs, voire pénis pour les plus audacieux — qu’ils se hâtent ensuite de poster sur les réseaux sociaux.

 

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