CFP: Conceptions et usages de l'attention au XVIIe siècle

Submission deadline: March 27, 2015

Conference date(s):
March 27, 2015

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Conference Venue:

University of Liège
Liège, Belgium

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Details

Les départements de philosophie de l’Université Libre de Bruxelles (ULB) et de l’Université de Liège (ULg) organisent conjointement un colloque intitulé « Conceptions et usages de l’attention au xviie siècle » qui se déroulera le 27 mars 2015 à l’Université de Liège (Place du XX août), dont la présentation suit ci-dessous. Cet appel à contributions est destiné à compléter le programme de la journée (1 ou 2 communications seront retenues) qui fera ensuite l’objet d’une publication en langue française.

Les propositions de communication ne devront pas dépasser 500 mots et devront être adressées sous la forme d’un fichier pdf anonyme, au plus tard le 1er décembre 2014 à [email protected] et [email protected]. Elles feront l’objet d’une évaluation à l’aveugle. Une réponse sera donnée avant le 15 janvier 2015.

Il est à noter qu’aucune aide financière ne pourra être apportée par l’organisation du colloque pour les frais de voyage et d’hôtel des participants.

Présentation

Le concept d’attention a fait l’objet de nombreux travaux ces dernières années dans le champ de la philosophie médiévale et renaissante qui ont permis de montrer comment ce thème, traditionnellement référé à Augustin et à l’augustinisme, nourrissait des théories de la perception et de la connaissance en rupture avec le paradigme aristotélicien. L’objet de notre colloque n’est pas seulement d’étudier les héritages et les prolongements de ce mouvement augustinien, mais de comprendre plus généralement comment les penseurs du XVIIe siècle (Descartes, Spinoza, Malebranche, Leibniz mais aussi Hobbes et la philosophe anglaise) ont eux même usé de l’attention et, le cas échéant, théorisé sa nature et sa fonction dans le cadre des conceptions nouvelles de la science et de la subjectivité. Si l’attention est un concept central pour penser le sujet, c’est précisément parce qu’elle se situe à l’articulation de ce qui, dans le rapport de l’homme au monde, relève de la passivité du sentir (ou plus généralement de la réception d’un donné) et de l’activité d’un choix, sélectif ou abstrayant, analytique ou synthétique.

La situation cartésienne du concept d’attention, à cet égard, est particulièrement frappante : constamment mobilisé des Règles pour la direction de l’esprit jusqu’aux Principes de la philosophie, avant de devenir un véritable impératif de la raison théorique chez les cartésiens (« L’attention est la seule chose que je vous demande », dit Théodore à Ariste dans les Entretiens sur la métaphysique), il n’est jamais pris pour thème explicite par Descartes lui-même. Décisif dans la conduite même des opérations intellectuelles (ainsi dans la méditation métaphysique), l’attention est pourtant reléguée à l’arrière-plan de la doctrine au profit des concepts d’évidence, d’intuition, de clarté ou de distinction. Cette situation mériterait à elle seule qu’on en identifie les raisons (pourquoi l’appel à l’attention est-il constant et dans le même temps refoulé ? Qu’est-ce qui légitime et rend nécessaire cet appel ? Dans quelles circonstances l’attention se constitue-t-elle en objet pour le philosophe ?), et surtout pousse à s’interroger sur la « préconception » de l’attention qui en gouverne les usages, sur les sous-entendus et les référents qui la soutiennent (en particulier du côté de l’optique et des sciences de la nature). Car c’est bien le statut épistémologique du concept d’attention qui fait problème : l’attention fait-elle partie des structures mêmes de la connaissance ou est-elle un élément distinct de ces structures, intéressant plutôt les modalités de leur mise en œuvre, c’est-à-dire du savoir en tant qu’il est un acte ?

Ce problème est d’autant plus crucial que deux visions sensiblement différentes du savoir s’articulent à l’Âge classique autour du paradigme de l’attention : l’une qui le fait dépendre de la présence à soi de l’esprit, conscient des opérations qu’il exécute et volontaire dans ce qu’il entreprend, et l’autre qui au contraire vise à le dispenser de cet effort pour que la connaissance se réduise à l’enchaînement le plus simple et le plus aisé dont le calcul algébrique constitue le meilleur exemple (puisque l’attention s’y trouve soulagée par l’écriture et la brièveté des signes). Dès lors apparaît une ambiguïté dans le traitement que le XVIIe siècle a réservé à l’attention, permettant peut-être de dépasser l’opposition trop tranchée entre « intuitionnisme » et « formalisme » pour prendre acte de la présence chez les philosophes d’une attitude ambivalente par rapport aux usages d’une attention qu’il s’agit tantôt d’amplifier, tantôt de réduire (mais alors doit-on la tenir pour une réalité quantifiable ?), tantôt de valoriser comme une activité positive de l’esprit, tantôt de dénoncer comme une manifestation de notre finitude contribuant à rendre incertain et contingent l’accès au savoir.

Il conviendra pour traiter de ces problèmes d’embrasser dans toute son ampleur le langage de l’attention, de l’attentio, de la diligentia et de l’animadversio, mais aussi du lexique négatif de la distraction, de la négligence ou de l’oubli, tel qu’il s’étend aussi à l’Âge classique dans les domaines de la morale et de la théologie.

Supporting material

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