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Brigitte Bardot, l'interview intégrale

“Quand le printemps fait éclater tous les bourgeons/Mes vêtements me pèsent d'une étrange façon”, chante-t-elle, mutine, dans “Nue au soleil”. Brigitte Bardot sur la plage de la Madrague en 1967. Elle a 33 ans.
“Quand le printemps fait éclater tous les bourgeons/Mes vêtements me pèsent d'une étrange façon”, chante-t-elle, mutine, dans “Nue au soleil”. Brigitte Bardot sur la plage de la Madrague en 1967. Elle a 33 ans. © Ghislain DUSSART/GAMMA-RAPHO
Interview La Rédaction , Mis à jour le

Celle qui imposé la femme moderne avant de devenir une légende fêtera en septembre ses 80 ans. Elle a reçu Paris Match chez elle, à “La Madrague”.

Et Bardot eut 80 ans : « Je dirai toute ma vie ce que je pense, que ça plaise ou non. »

L’odeur des eucalyptus verts et des lauriers roses accompagne mes pas sur l’allée de gravier qui conduit à « La Madrague ». A droite, à l’ombre des oliviers, une centaine de petites tombes et des noms de compagnons à quatre pattes. Dans le grand salon blanc m’attend Bri, notre Bardot. Autour d’elle, mille souvenirs d’une vie. Amincie et souriante, appuyée sur ses cannes, elle conserve encore et toujours cette silhouette unique d’où émerge cette élégance corporelle incomparable. Elle dégage une énergie et une bonne humeur communicatives à travers nos cinquante-quatre ans d’amitié. Deux petites fleurs rouges du jardin soulignent ses cheveux joliment relevés. Près de la cheminée, sur le mur, le symbole des années « Match » : les 39 couvertures que le journal lui a consacré. Une vie complète de star de 50 sur 60 centimètres. Par la baie vitrée le ponton aujourd’hui vide s’avance vers la mer. Les lèvres de la plus célèbre moue planétaire ne connaissent plus le goût du champagne, mais celui du cidre rosé que nous partageons.

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Paris Match. Est-ce ton action quotidienne à la tête de ta Fondation qui te maintient dans cette forme ? Quel est le programme d’une de tes journées types?
Brigitte Bardot. Certainement, ma fondation me demande un travail à plein temps (bien que je sois merveilleusement épaulée et secondée par une équipe de cœur et de béton). Rester passionnée et active m’empêche de me ramollir et d’être victime de cette oisiveté dont souffrent et meurent beaucoup de retraités.

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Tes 80 ans provoquent une avalanche de lettres venues du monde entier. Que disent-elles ?
Elles me disent dans toutes les langues, y compris en chinois : ” Bon anniversaire Brigitte “. C’est émouvant et stimulant.

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Cherchant à te ressembler dans les années 60, on pouvait croiser 100 000 Bardot en France, que reste-t-il de tout cela dans ta mémoire ?
Je n’en sais rien de ce qu’il en reste, et je m’en tamponne !

Paris Match t’a consacré 39 couvertures qui racontent 39 événements de ta vie, pour toi quels sont les deux ou trois plus marquants que tu retiens ?
Mon mariage avec Gunter Sachs, mon mariage avec Bernard d’Ormale, et mon mariage avec le petit phoque blanc sur la banquise.

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Depuis cinquante ans, la presse ne cesse d’écrire que tu as été l’égérie et le symbole d’une certaine émancipation de la femme française. Si tu faisais le point une fois pour toutes ?
Le point sur quoi ? L’émancipation des femmes je n’y suis pour rien, j’ai vécu comme j’en avais envie et je continue, mais je suis à la fois libre et dépendante de l’homme que j’aime.

Quel regard jettes-tu sur le temps qui passe ?
C’est la loi naturelle de la vie, que je suis sans la contredire. Le temps m’a beaucoup appris et j’essaie de transmettre. Je suis sereine.

Dans ” La vérité “ de Clouzot, tu interprètes une femme qui tue par amour. Ce rôle te ressemble-t-il ?
Oui, un peu, sauf que je n’ai jamais tué personne ! Et puis je l’ai interprété à ma manière à moi passant, comme dans ma vraie vie, de l’impertinence à la plus grande détresse, j’ai failli en mourir…

Te sens-tu des obligations vis-à-vis de l’opinion qui ne t’a jamais oubliée ?
Je n’ai d’obligations vis-à-vis de personne mais une infinie reconnaissance, oui !!

“Je choque les simples d'esprit, les médiocres et les sectaires”

L’amitié a toujours été un socle important dans ta vie, celle-ci s’est-elle renforcée avec l’âge ?
L’amitié a été la racine solide de ma vie un peu éparpillée. J’ai eu des amis extraordinaires qui, au fil du temps, ont hélas disparu. Il ne m’en reste que très peu, dont tu fais partie c’est pourquoi, je t’aime encore plus !

La détermination parfois radicale de tes actions, qu’elles soient sociales ou sentimentales, a dérangé les bien pensants. As-tu évolué ? Si oui, dans quel sens ?
Je continue à choquer les simples d’esprit, les médiocres et les sectaires, je dirai toute ma vie ce que je pense que ça plaise ou non.

N’oublions pas que tu as incarné le diable pour le Vatican. Ce fut une blessure ?
Oh oui, c’est pas rigolo ! Maintenant bien des gens qui m’écrivent me comparent à une ” sainte “, c’est plus agréable ! Mais il ne faut d’excès en rien !

As-tu vraiment été consciente de l’impact Bardot sur la planète ? Comment Brigitte, la femme, a-t-elle réagi face à la ” Bardolâtrie “ ?
Ecoute, tout ça m’est passé bien au-dessus de la tête, ce sont les autres qui ont inventé ces trucs-là, moi j’ai toujours vécu de la même manière, ne me prenant jamais au sérieux et souffrant souvent du manque de liberté que m’imposait cette célébrité encombrante.

La passion a guidé ta vie. As-tu aimé comme tu le désirais ?
Oh ça oui, j’ai aimé beaucoup, passionnément, à la folie et pas du tout, mais j’ai aimé et je continue d’aimer. C’est dans ma nature.

Parmi tous tes hommes, je n’en retiens qu’un, lequel ?
Le prochain !...

“Je déplore que mon si beau pays se détériore à tous les points de vue”

Toi qui fus la première Marianne dans les mairies de France, te sens-tu profondément française ?
Je suis Française de ” souche lointaine “ et fière de l’être. Je déplore simplement que mon si beau pays se détériore à tous les points de vue. C’est criminel de le soumettre à la bassesse.

Si Marine Le Pen arrive aux responsabilités, accepterais-tu un poste de conseillère pour la protection du monde animal ?
Marine sait ce qu’elle doit faire et n’a pas besoin de mes conseils. Je souhaite qu’elle sauve la France, elle est la Jeanne d’Arc du XXIe siècle !

Quel regard jettes-tu sur la société actuelle ?
Un regard torve et désolé.

Au faîte de ta célébrité, tu tournes le dos au cinéma en 1973 pour devenir une femme comme les autres. Sans la création de ta fondation que serais-tu devenue ?
Sans le secours des animaux, je n’aurais pas pu survivre. Maintenant je sauve la vie de ceux qui ont sauvé la mienne.

Quels sont les principaux obstacles que tu as dû affronter ?
On ne se lance pas dans la protection animale sur un coup de baguette magique. C’est un métier, un dur métier pour lequel il faut connaître et appliquer les lois en vigueur, parfois contraignantes : la gestion, la comptabilité, les règles d’hygiène, etc. J’ai prouvé que j’en étais capable et ma fondation a été reconnue d’utilité publique par le Conseil d’Etat. J’en suis fière !

A une période de ton existence, tu as connu une longue période de solitude ?
Oui j’ai dû affronter la solitude dans une des périodes les plus déterminantes de ma vie, la création de ma fondation que j’ai effectuée seule, sans l’appui de cet amour qui m’est vital. J’ai été courageuse et j’en suis récompensée.

Jean Cocteau a écrit sur toi : ” Elle vit comme tout le monde en étant comme personne. “ Peux-tu expliquer cette fascination du public ?
Cette phrase de Cocteau est géniale, elle résume toute ma vie, pourtant je l’ai à peine connu ! Je n’explique rien du tout, c’est un miracle qui m’aide beaucoup dans mes combats, car je suis soutenue par des milliers de gens.

“J'en ai marre des promesses, je veux des actes!”

Depuis De Gaulle, tous les chefs d’Etat français t’ont reçue et t’ont fait des promesses. Quel en est le résultat ?
Des promesses ! Encore des promesses ! Toujours des promesses ! C’est pas avec des promesses qu’on fait avancer les choses, j’en ai marre des promesses, je veux des actes !

Il semblerait que tu attendes deux cadeaux du gouvernement Manuel Valls pour tes 80 ans, lesquels ?
Ca n’est pas de Manuel Valls que j’attends quelque chose, c’est à tout le gouvernement et au président de la République que je vais demander officiellement les deux cadeaux uniques que je veux pour mon anniversaire, car je ne veux rien d’autre. Premièrement, le changement du statut du cheval, le faisant passer ” d’animal de rente “ à ” animal de compagnie “ lui évitant ainsi l’abattoir. En outre, une proposition de loi, déposée à cet effet par Nicolas Dupont-Aignan à l’Assemblée fin juin 2013, n’a encore jamais été débattue. Je demande depuis trente ans que l’hippophagie soit définitivement abolie en France. deuxièmement, la remise en application immédiate de la loi française et européenne exigeant l’étourdissement des animaux d’abattoir avant la saignée. Pour tous les animaux, sans aucune dérogation pour les abattages religieux halal et casher, qui contraignent et soumettent les animaux égorgés en toute conscience à des agonies lentes et extrêmement douloureuses, inadmissibles dans un pays laïc et évolué. Nous disposons des moyens modernes de les rendre inconscients, mais toujours vivants, à l’instant du couteau. Ce qui leur évite non seulement une atroce et longue souffrance, mais aussi un stress dû à l’effroi qui peut être préjudiciable pour la consommation. Déjà la Norvège, la Suède, l’Islande, la Suisse, la Grèce, le Luxembourg, l’Autriche, la Pologne et cette année, le Danemark ont totalement aboli les dérogations halal et casher. Il est urgent que la France suive ces exemples nombreux. Voilà les deux cadeaux que je demande au gouvernement depuis trente ans. Il serait juste de me les accorder après tant d’années de supplique et d’attente. Si je ne les obtiens pas, j’en conclurai que j’ai raté ma vie !!

Brigitte Bardot avec son ami Christian Brincourt.
Brigitte Bardot avec son ami Christian Brincourt. © DR

A t’écouter, on pourrait retenir que tu regrettes un manque de considération ?
De la part des gouvernements successifs depuis quarante et un ans que je m’adresse à eux, qui ne m’ont rien accordé de valable, oui j’estime qu’ils ont vis-à-vis de moi un total manque de considération. C’est déplorable et triste.

Qu’est-ce qu’a été une journée heureuse pour Brigitte, lorsqu’elle s’endort ?
Lorsque j’ai sauvé la vie d’un ou plusieurs animaux, alors oui, je m’endors heureuse.

Peut-on dire que tu es une arrière-grand-mère digne ?
Alors ça… !!

Une fois partie dans le vent de l’Eternité, désires-tu toujours reposer ici à l’ombre de “La Madrague” ?
Oui, j’ai obtenu l’autorisation de passer mon éternité aux côtés de mes animaux à “La Madrague”. Trouverai-je alors cette paix qui m’a toujours été refusée de mon vivant ?

Que souhaites-tu que l’on conserve à jamais de toi ?
L’amour que je porte aux animaux et le respect qu’on leur doit.

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