Né en Californie dans les années 1980, le concept du zéro déchet avait fait une tentative avortée d'implantation en France au début des années 2000. N'était-ce que partie remise? Le lancement officiel de Zero Waste France a eu lieu, samedi 1er février, à l'hôtel de ville de Bobigny, devant un parterre de militants et de citoyens convaincus que l'incinération et la mise en décharge ne sont pas des fatalités.
« Nous avons choisi l'appellation Zero Waste plutôt que Zéro Déchets France, parce qu'en anglais, waste signifie à la fois déchets et gaspillage, et que nous nous inscrivons dans le cadre du réseau Zero Waste Europe », explique Flore Berlingen, directrice du Centre national d'information indépendante sur les déchets (Cniid), association porteuse du projet.
Pour l'occasion, Zero Waste Europe avait délégué à Bobigny sa « star » Rossano Ercolini, un enseignant italien dont les convictions ont fait de la petite ville de Capannori, en Toscane, le pionnier européen du zéro déchet. Lauréat du Goldman Prize 2013, le « Nobel de l'environnement », et reçu à ce titre à la Maison Blanche par Barack Obama, il a expliqué dans un vibrant plaidoyer comment l'engagement de ses concitoyens avait permis de faire reculer de 39 % en dix ans la quantité de déchets produite par habitant et de parvenir à un taux de recyclage de 82 %, soit plus du double de la moyenne européenne.
« Le zéro déchet, c'est un voyage plus qu'une destination », a joliment complété Enzo Favoino, le coordinateur scientifique de Zero Waste Europe, signifiant ainsi qu'il ne s'agit pas de poursuivre une utopie mais d'aller le plus loin possible dans la réduction de la part non recyclable de déchets. Pour cela, les responsables du réseau européen insistent sur trois nécessités : l'abandon du recours à l'incinération, la collecte en porte-à-porte des déchets organiques et le développement de l'écoconception des produits de consommation.
UN ENGOUEMENT SUSPECT
Le réseau Zero Waste Europe, lui-même membre de Zero Waste International Alliance, revendique environ 300 villes membres, situées pour l'essentiel en Italie et dans le nord de l'Espagne, « parce que c'est là que le problème des déchets se pose le plus gravement, en raison de l'inaction de la classe politique et de la corruption », affirme Joan Marc Simon, son directeur exécutif.
En Italie, le nombre de villes adhérentes au mouvement est passé en trois ans de 25 à plus de deux cents, un engouement presque... suspect. « Il faut faire attention, c'est en train de devenir une mode, avertit Rossano Ercolini. Il nous faut suivre ce que réalisent vraiment ces municipalités. »
A Bobigny, où les élus ne se bousculaient pas, Zero Waste France n'a pas été en mesure d'annoncer l'adhésion d'une première collectivité. Ce sera pourtant un passage nécessaire pour espérer faire décoller le mouvement. « Il faut trouver une ville qui ne soit pas trop grande, qui fasse le choix de porter ce projet politique, et élargir le réseau à partir de cet exemple », conseille Joan Marc Simon.
Qui sera le premier à se lancer ? Des communautés d'agglomération ou de communes comme le Grand Besançon ou la Porte d'Alsace, dans le Haut-Rhin, sont déjà en pointe sur la question des déchets ménagers. Le Capannori français se trouve peut-être parmi elles.
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