Je suis rentré à Paris pour retrouver ma famille trois mois après que le président Emmanuel Macron a annoncé la mise en place d’un des confinements les plus agressifs de la planète, et un mois après que la France a commencé à déconfiner.

Quand nous sommes sortis de la gare Montparnasse dans la lumière aveuglante d’une fin de printemps, au bout d’une saison passée blottis dans un village où nous avions comme voisins plus de vaches que d’êtres humains, se retrouver propulsés dans le monde tel que nous l’avions connu auparavant, voir toutes ces terrasses de café de nouveau bondées, avec tous ces visages souriants, avait quelque chose de troublant.

J’ai tout d’abord éprouvé colère et confusion, alors que nous traversions la Seine pour rejoindre notre appartement. La ville avait été vidée de ses touristes, mais elle grouillait de Parisiens qui savouraient leur liberté retrouvée. Plus de la moitié arborait des masques, l’autre affichait son indifférence. Nous étions en pleine crise, me suis-je plaint à ma femme. Pourquoi tant de gens étaient-ils donc incapables de respecter même la discipline la plus élémentaire ?

Dépendant comme je le suis des nouvelles en provenance des États-Unis, où je suis né, où j’ai grandi et où je me rends souvent, je ne pouvais me défaire de l’impression que la France allait elle aussi trop vite en besogne. Mais j’avais tort de m’inquiéter. Alors que l’Amérique de Donald Trump continue de battre des records de contamination jour après jour, la France, comme la plupart des autres pays développés, et même comme certains pays en développement, semble avoir endigué la propagation du virus.

L’Amérique, un véritable désastre

Les chiffres sont clairs. Après avoir atteint un pic de 7 581 nouveaux cas le 31 mars, et avec un peu moins de 30 000 morts – plaçant un temps la France au quatrième ra