Avec Datafarm, le serveur est dans le pré
Le mariage peut sembler loufoque. Des fermes de serveurs aux côtés de fermes... agricoles. C’est pourtant le projet que porte Datafarm pour s’attaquer à la consommation électrique des datacenters.
Le lien ? Valoriser les effluents d’élevage dans des biométhaniseurs pour "proposer de l’énergie propre, circulaire et résiliente pour les datacenters", explique Stéphane Petibon, le cofondateur de la jeune pousse. Conscient du coût énergétique qu’engendre le refroidissement des datacenters, il a l’idée de rapprocher ces infrastructures du monde agricole "par hasard, à la suite d’une rencontre avec un agriculteur engagé dans la méthanisation lors d’une soirée crêpes". Il y voit alors un moyen de refroidir à bas coût les serveurs via un procédé chimique alimenté par la chaleur fatale dégagée par les biométhaniseurs, tout en assurant un complément de revenu aux agriculteurs. S’il n’est pas simple d’implanter une architecture résiliente connectée et sécurisée à la campagne, une preuve de concept en septembre 2019 vient sécuriser le modèle. La start-up, créée dans la foulée et incubée à l’IMT Starter à Paris, prospecte les agriculteurs. Avec succès. Hébergés dans d’anciens conteneurs maritimes réaménagés, deux projets devraient voir le jour d’ici à début 2021, à Saint-Omer (Nord) et à Arzal (Morbihan).
L’objectif ? Attirer des acteurs de toutes tailles en quête de lieux pour installer des serveurs peu carbonés explique Datafarm, qui emploie cinq personnes et prévoit une levée de fonds d’ici à début de l’année. Avec de grandes ambitions : la start-up a identifié 150 sites potentiels d’installation, disposant d’au moins 120 vaches et d’un biométhaniseur, en France, et lorgne déjà vers l’étranger. Le temps dira si l’union est solide.
L’innovation
Datafarm mobilise l’électricité et l’eau chaude produites par les turbines du méthaniseur. La chaleur, transformée en eau glacée via un procédé chimique, vient refroidir les serveurs, diminuant ainsi la consommation du centre de données.