Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Aux Antilles, une cascade de procès contre l’Etat sur la question de l’esclavage

La France est visée par une série de plaintes, en Martinique et en Guadeloupe, pour son rôle dans la traite négrière et l’esclavage. Des associations et des particuliers réclament des réparations pour dédommager les descendants de ces crimes contre l’humanité.

Par  (Fort-de-France (Martinique), correspondance)

Publié le 26 janvier 2022 à 10h50

Temps de Lecture 5 min.

Article réservé aux abonnés

Marche organisée par le Mouvement international pour les réparations pour commémorer le 22 mai 1848, jour de l'abolition de l'esclavage en Martinique, à Saint-Pierre, le 22 mai 2019.

Pour Garcin Malsa, l’attente aura été vaine. Mardi 25 janvier, cette figure politique martiniquaise attendait un jugement en délibéré de la cour d’appel de Fort-de-France au sujet d’une plainte déposée contre l’Etat par le Mouvement international pour les réparations (MIR), une association mémorielle dont il est le président.

En octobre 2020, cette organisation antillaise, qui milite depuis vingt ans en faveur de l’attribution de réparations aux descendants d’esclaves africains dans les anciennes colonies françaises d’Amérique, avait assigné l’Etat devant le juge des référés de Fort-de-France, « en vue d’ordonner une expertise ayant pour but de retrouver, grâce à des fouilles archéologiques, l’ensemble [des] charniers », en Martinique, dans lesquels « des milliers d’Africains réduits en esclavage » auraient été sommairement enterrés aux abords des plantations coloniales, selon un communiqué de l’association. Sur la base de l’article 145 du code de procédure civile, le MIR souhaitait également faire condamner l’Etat à « ouvrir aussi les procédures en vue d’exproprier ces lieux (…) et d’en faire des lieux commémoratifs ouverts au public ».

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés En France, le long combat pour la mémoire de l’esclavage

Débouté en première instance en novembre 2021, le mouvement avait fait appel. La décision était attendue mardi en fin de journée, mais le tribunal a fait savoir que le jugement ne serait rendu public que le lendemain. « Ils sont terribles, quand même ! », peste Garcin Malsa. « Ces juges-là fonctionnent comme des juges coloniaux. Ils n’obéissent qu’à l’Etat », fustige ce pionnier du militantisme écologique en Martinique et ancien maire, à tendance indépendantiste, de la commune de Sainte-Anne, haut lieu du tourisme balnéaire au sud de l’île.

Feuilleton judiciaire

A ce jour, l’existence de ces charniers n’est pas attestée en Martinique, île des Antilles colonisée par la France en 1635 et où l’esclavage n’a été aboli qu’en 1848, permettant la libération de 75 000 hommes, femmes et enfants sur ce territoire, pour un total de 250 000 esclaves dans les colonies françaises. « Il pourrait y avoir des charniers sur des sites où il y a eu beaucoup de morts d’un coup, par exemple après un massacre ou un naufrage près de la côte », suggère Jessica Pierre-Louis, sans grande conviction. Cette autrice et historienne martiniquaise avait conduit les travaux de documentation historique pour le site archéologique d’Anse Bellay, une crique du sud-ouest de l’île où un cimetière d’esclaves avait été mis au jour entre 2013 et 2015. « Il s’agit bien de sépultures, pas de charniers », tranche l’experte. Néanmoins, « comme on n’accordait pas d’importance aux esclaves, ils n’étaient pas enterrés dans des cimetières officiels. Ces lieux ne sont pas répertoriés », nuance Jessica Pierre-Louis.

Il vous reste 59.52% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.