Alors que la Californie accueille déjà les deux plus grandes batteries du monde, elle hébergera bientôt un énorme système de stockage par air comprimé (CAES). En cours de réalisation, l’installation aura une capacité de 4 GWh et sera mise en service d’ici 2028.

Le CAES pour « Compressed Air Energy Storage » (stockage par air comprimé en français) est un type de stockage d’énergie les plus matures. Le système implique l’utilisation d’un compresseur alimenté par le courant excédentaire du réseau ou celui d’une centrale. L’appareil comprime de l’air, puis le stocke à très haute pression (jusqu’à 100 bars) dans des cavités souterraines. Lors des pics de demande, l’air est libéré, chauffé dans une chambre de combustion à gaz et entraine une turbine couplée à un alternateur, afin de créer de l’électricité.

Jugée très fiable, cette technologie peut être appliquée à l’échelle du gigawattheure. C’est effectivement ce que prévoit l’entreprise canadienne Hydrostor à travers son projet baptisé Willow Rock Energy, installé à Rosamond. Ce CAES situé en Californie déploiera une puissance de 500 MW pour une capacité de stockage de 4 GWh. Les constructions déjà entamées et le premier accord de prélèvement signé, l’entreprise s’attend à ce que l’installation soit raccordée au réseau en 2028.

Comparatif des plus grands sites de stockage d’électricité dans le monde / Infographie : Révolution Énergétique.

Le plus grand projet de CAES du monde

Localisée dans le comté de Kern, en Californie, aux États-Unis, la centrale Willow Rock Energy est, à ce jour, la plus puissante de son genre. Avec ses 4 GWh de capacité, elle est 2,5 fois plus puissante que la plus grande batterie du monde implantée dans le même État. La giga-installation vise à améliorer la fiabilité du réseau local. D’après ses fabricants, elle serait en mesure de fonctionner durant huit heures au maximum et aurait une durée de vie estimée à 50 ans.

Comme de nombreuses autres centrales de stockage, elle compensera la variabilité des énergies renouvelables. Elle stockera, d’ailleurs, les surplus de production des projets éolien et solaire californiens. Lors des fortes demandes, l’énergie sera déstockée et alimentera le réseau local, et particulièrement la région de Los Angeles.

Willow Rock Energy ne sera pas la seule grande centrale de CAES d’Hydrostor en Californie. Un autre projet est déjà en cours : la centrale Pecho située dans le comté de San Luis Obispo avec une capacité de 400 MW pour 3 200 MWh.

Une version avancée du stockage par air comprimé

En réalité, ce projet de stockage n’est pas un CAES classique, mais plutôt un « A-CAES », le A signifiant « Adiabatique ». Développée par l’enseigne à l’origine du projet, la technologie se diffère par son fonctionnement. Elle se démarque par la présence d’eau qui inonde l’espace de stockage souterrain. À l’arrivée de l’air comprimé dans la cavité, l’eau remonte vers un grand réservoir supérieur. Ce déplacement est déclenché par un phénomène physique appelé « compensation hydrostatique ». Grâce à cette technique, l’air comprimé est maintenu à une pression constante. En effet, c’est un défi difficile à relever chez les systèmes classiques lorsqu’on souhaite optimiser le rendement.

Vues du projet de CAES à Rosamond (Californie) / Images : Hydrostor.

Outre la présence d’eau, l’A-CAES se distingue également par son système de récupération de la chaleur fatale du compresseur. Cette énergie thermique extraite sera utilisée ultérieurement. Afin de mieux comprendre, rappelons qu’au cours du déstockage, la turbine doit être entrainée par de l’air chaud. Dans un CAES classique, le processus implique souvent une combustion de gaz afin de répondre au besoin de la turbine, émettant ainsi du CO2. À la différence, chez l’A-CAES, la chaleur de récupération suffit pour chauffer l’air. On retiendra ainsi qu’une fois en service, le projet californien sera plus propre que les systèmes habituels.