Décès de Bernard Lachance : « personne ne devrait mourir du sida », croit Dr Réjean Thomas
Le chanteur Bernard Lachance est décédé à l'âge de 46 ans.
Photo : Facebook
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Bernard Lachance est mort mardi matin à l’âge de 46 ans. Sur les réseaux sociaux, il niait l’existence du VIH/sida, toute comme celle de la pandémie de COVID-19, et il avait depuis longtemps arrêté ses traitements de trithérapie.
Son déni du VIH l’aura mené à la mort
, écrit sa sœur dans une publication en ligne. Ne voulant pas enrichir Big Pharma, il a investi des milliers de dollars dans des produits naturels plein la maison. Quelle tristesse.
Le Dr Réjean Thomas, qui a assuré le suivi médical de Bernard Lachance pendant un moment, se désole du décès du chanteur originaire de Montmagny. Comment comprendre qu'un gars comme Bernard, intelligent, agréable, [...] se soit laissé mourir alors que personne ne devrait mourir du sida au Canada en 2021.
Dr Réjean Thomas, fondateur de la clinique médicale l'Actuel.
Photo : Radio-Canada / François Vigneault
Le VIH, on n'en meurt pas théoriquement dans les pays riches, mais il faut prendre un traitement à vie.
Le fondateur de la clinique médicale l’Actuel à Montréal souligne que la trithérapie est parfois difficile à accepter pour les patients puisqu’il s’agit de traitements préventifs. La difficulté avec le traitement du VIH, c'est qu'on traite des gens qui ne sont pas malades, qui n'ont pas de symptômes. […] Ils ont un bilan immunitaire malade, mais ils ne sont pas malades
, explique le Dr Thomas.
Dans le cas de Bernard Lachance, le médecin rappelle que les patients ont toujours le droit de refuser les traitements. Ce qui est déplorable, c'est quand ça influence les autres qui sont plus fragiles
, ajoute-t-il. Bernard Lachance était suivi par plus de 3000 personnes sur Facebook.
Réjean Thomas aimerait voir davantage de campagnes de sensibilisation et de prévention sur le VIH. Il n'y a aucune publicité. La santé publique ne fait pas de campagne de prévention et c'est une maladie qui est méconnue et c'est quand même encore une maladie grave.
La prévention, l'éducation, ce sont toujours les mêmes solutions. Il n'y a pas de miracles.
L’effet des discours complotistes
Chez MIELS-Québec, un organisme qui soutient les personnes atteintes du VIH dans la capitale, le chargé de projet Marc-Anciel Gaudette affirme voir plus de patients remettre leurs traitements en doutes depuis le début de la pandémie de COVID-19.
Ces messages-là complotistes ont tout le temps un peu existé, mais sans nécessairement qu'il y ait beaucoup d'importance accordée à ça. Là, ce qui était différent, c'est que dans l'espèce de fébrilité des médias et de l'information, les gens se raccrochaient beaucoup à ça […] et se mettaient à penser à des alternatives un peu farfelues.
Selon lui, le caractère sensationnaliste
de certains discours trompeurs parvient à séduire plus facilement certaines personnes que l’information scientifique.
De plus les conséquences de l'arrêt des traitements seront différentes d’une personne à l’autre. Le VIH lorsque ce n'est pas contrôlé, c'est assez aléatoire. Il y a des personnes qui peuvent être des années sans avoir de symptômes et des personnes chez qui ça peut aller très rapidement
, résume Marc-Anciel Gaudette.