Le président de BlackRock France promu officier de la Légion d’honneur

Larry Fink, patron de BlackRock (à gauche) et Jean-François Cirelli, qui dirige la branche française, le 10 juillet 2019, à l’Elysée.

Larry Fink, patron de BlackRock (à gauche) et Jean-François Cirelli, qui dirige la branche française, le 10 juillet 2019, à l’Elysée. LUDOVIC MARIN / AFP

Jean-François Cirelli, président de la branche française du fonds de pension BlackRock, est élevé au rang d’officier de la Légion d’honneur, alors que l’influence de sa société sur la réforme du système de retraites interroge.

Noyé parmi 486 autres, ce nom aurait pu passer inaperçu dans la liste de la promotion civile de la Légion d’honneur du Nouvel An. Il est pourtant lourd de sens, alors que le mouvement de contestation contre la réforme du système de retraites proposée par le gouvernement dure depuis près d’un mois.

Le patron de la branche française du fonds de pension américain BlackRock, Jean-François Cirelli, a été élevé le 31 décembre au grade d’officier de la Légion d’honneur par le Premier ministre − il en est chevalier depuis 2006.

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Il figure sur la liste publiée au « Journal Officiel » et qui compte 487 personnes « illustres ou inconnues », parmi lesquelles les comédiennes Jeanne Balibar et Marina Hands, le chanteur Gilbert Montagné et le prix Nobel de physique Gérard Mourou. Ancien patron de GDF-Suez et d’Engie, Jean-François Cirelli dirige BlackRock France depuis 2006.

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« Une influence directe sur l’exécutif »

Si cette nomination interroge, c’est parce que BlackRock, premier gestionnaire d’actifs au monde, est soupçonné d’avoir voulu peser sur la réforme des retraites, afin d’imposer un système par capitalisation dont il profiterait. « BlackRock exerce une influence directe et massive sur l’exécutif », résumaient les Jours en décembre 2019. 

Dans une note adressée au gouvernement en juin 2019, la société se désolait ainsi du peu d’usage des Français de l’épargne retraite : « Fin 2017, seuls 130 milliards d’euros avaient été collectés dans ces produits [d’épargne retraite], ce qui est décevant par rapport à l’épargne déposée en liquidités, les produits d’assurance-vie en euros ou les investissements directs/indirects en actifs non financiers », lisait-on dans cette note, citée par Mediapart.

Dans ce même document, BlackRock se réjouissait du vote de la loi Pacte, que Mediapart décrivait comme le premier pas vers l’installation de la capitalisation en France. Et d’édicter quelques « recommandations », « indispensables pour réussir la réforme des retraites ». Parmi elles, on trouvait notamment l’idée « d’imposer à terme la mise en place des dispositifs d’épargne-retraite de type auto-enrolment (adhésion automatique) ».

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Une action qui pourrait s’apparenter à du lobbying. Pourtant, la société ne figure pas dans le registre des lobbies de la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie publique (HATVP)…

Le député (Les Républicains) Olivier Marleix était intervenu le 11 décembre 2019 à l’Assemblée nationale pour dénoncer les liens entre BlackRock et l’exécutif :

« Depuis un mois, votre gouvernement a autorisé le géant des fonds de pension américain à collecter directement la retraite privée des Français. Si la réforme va à son terme, les affaires de BlackRock prendront donc un formidable essor en France. »

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« En aucune manière, nous n’avons cherché à exercer une influence sur la réforme du système de retraites par répartition », avait réagi la société dans un communiqué publié en décembre.

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