Tech

Pour la première fois, des drones ont abattu un homme sans aucun ordre humain

L'avènement des robots-tueurs, ce n'est pas pour demain: c'est déjà aujourd'hui.

Le fameux Kargu. Si vous en apercevez un: fuyez. | <a href="https://www.stm.com.tr/en/media/press-releases/aa-tours-state-art-turkish-uav-maker">STM</a>
Le fameux Kargu. Si vous en apercevez un: fuyez. | STM

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur New Scientist

Qui ne se souvient pas du film Terminator sorti en 1984, dans lequel un système informatique doté d'une intelligence artificielle mène une guerre contre l'humanité pour l'éradiquer et assurer la suprématie des machines?

La fiction est désormais devenue réalité. Comme le révèle un rapport des Nations Unies, des drones militaires ont attaqué une cible en Libye de manière autonome. Publié en mars 2021 et dévoilé par le site New Scientist, le rapport indique que les forces du général Haftar (opposé au gouvernement d'entente nationale libyen) ont été «pourchassées» par des drones Kargu-2.

Ce drone de conception turque, qui embarque des caméras de reconnaissance faciale et une intelligence artificielle capables d'identifier une cible, ont mené leur attaque «sans qu'il soit besoin d'établir une connexion des données entre l'opérateur et la munition», écrivent les auteurs du rapport. En d'autres termes, les drones ont agi sans qu'un humain intervienne à quelque moment que ce soit.

Bien que de nombreux observateurs soupçonnent l'utilisation d'armes autonomes de longue date, il s'agit de la première confirmation officielle, affirment les experts interrogés par New Scientist.

C'est flou, mais c'est mortel

Pour l'instant, il n'existe aucune législation entourant ce genre d'armes, qui doivent uniquement «respecter le principe selon lequel une attaque ne doit pas causer de dommages collatéraux excessifs». En 2017, une centaine de signataires, dont Elon Musk ou Mustafa Suleyman, responsable de DeepMind chez Google, avaient adressé une missive aux Nations Unies pour mettre en garde contre les dangers des «robots tueurs».

Les «armes offensives autonomes (...) permettront des conflits armés à une échelle jamais vue auparavant et à des vitesses difficiles à concevoir pour les humains», écrivaient-ils dans leur lettre ouverte. Message reçu par l'ONU, qui planche depuis 2016 sur une Convention similaire à celle qui encadre les armes chimiques ou les mines terrestres.

Sauf que le consensus est loin d'être admis au sein des nations, et même chez les experts militaires. «Sur le plan moral, on pourrait avancer qu'il est préférable d'utiliser des drones autonomes en lieu et place de soldats humains, car ils sont capables de traiter une plus grande quantité d'informations et ainsi de prendre des décisions plus éclairées. Et puisque le jugement de la machine ne serait pas obscurci par des émotions comme la peur ou la colère, cela réduit le risque de crime de guerre», notent par exemple des experts de l'OTAN.

Surtout, une telle interdiction se heurterait à un obstacle majeur: «Contrairement aux armes chimiques ou aux mines, il est impossible de distinguer une attaque d'une arme autonome d'une attaque dirigée par un opérateur humain», souligne dans New Scientist Jack Watling, du Royal United Services Institute, un think tank britannique sur la défense.

La troisième guerre mondiale n'est peut-être pas pour demain, mais les robots tueurs sont déjà parmi nous.

cover
-
/
cover

Liste de lecture