'Gazelle Tech' : la voiture électrique à faible impact et disruptive

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'Gazelle Tech' : la voiture électrique à faible impact et disruptive

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La Gazelle, avec 15 kW/h embarqués, peut rouler à 100 km/h avec une autonomie de 150 kilomètres.
La Gazelle, avec 15 kW/h embarqués, peut rouler à 100 km/h avec une autonomie de 150 kilomètres.
© Radio France - Annabelle Grelier

Demain l'éco. La jeune pousse installée à l'écoparc Technowest de Bordeaux a développé une voiture électrique légère en matériaux composite. Grâce à son concept facile et rapide à assembler dans des mini usines, son fondateur Gaël Lavaud entend réindustrialiser les territoires.

Le transport est aujourd’hui l’activité qui contribue le plus aux émissions de gaz à effet de serre de la France. Selon le ministère de la Transition écologique, en 2019, il représentait 31% des émissions, dont plus de la moitié due à la voiture particulière.

En 2021, le nombre de voitures particulières circulant en France a dépassé la barre des 40 millions. Le parc automobile est largement dominé par les véhicules à motorisation diesel, encore 60 %,  pour 39 % de véhicules à essence quand la part des véhicules roulant au GNV ou au GPL et des véhicules électriques reste encore marginale autour des 2%.

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Toutefois, en France, après la pandémie, les ventes de voitures thermiques ont pour la première fois baissé en 2020 au profit des voitures hybrides et électriques qui ont pris plus 6% de part de marché.

Mais une autre tendance inverse se dessine à travers le boom des ventes de SUV. Ces derniers représentent dans l’Hexagone plus d’un tiers des ventes de voitures neuves.

La mode des SUV peut même être considérée comme un phénomène inquiétant estime l’Ademe. Depuis dix ans, ces véhicules constituent la deuxième cause de hausse des émissions carbone dans le monde.

Bien qu’il y ait plus d’achats de véhicules électriques et hybrides en volume au niveau mondial, le succès des SUV constitue un véritable poids carbone dans la lutte contre le réchauffement climatique.  Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), si l’appétit des consommateurs pour les SUV continuait de croître au rythme de cette dernière décennie, ces voitures ajouteraient près de 2 millions de barils par jour à la demande mondiale de pétrole d’ici 2040, annulant les économies permises par 150 millions de voitures électriques.

La France, pour honorer ses engagements pris en signant l’Accord de Paris, s'est fixée pour objectif d'atteindre la neutralité carbone, et une décarbonation quasiment complète du secteur des transports à l'horizon 2050. Mais le pays va devoir mettre les bouchées doubles car les émissions en 2019 étaient déjà 16 % plus élevées que l’objectif qui avait été fixé en 2015, et 2,2 % plus élevées que la limite fixée par la révision de la stratégie nationale bas-carbone (SNBC) de 2019.

La stratégie nationale mise sur 5 leviers pour réduire les émissions des transports : la modération de la demande de transport, l’amélioration de la performance énergétique des véhicules, le déploiement d’infrastructures adaptées, la promotion des transports en commun, du covoiturage et du vélo et enfin la décarbonation de l’énergie utilisée.

Par ailleurs, inscrit dans la loi en 2019, le plan Climat projette de stopper la vente de voitures à essence et diesel d’ici 2040 mais aussi la multiplication des Zones à Faibles Emissions (ZFE-m) dans les grandes métropoles en 2023 ou encore l’accélération du verdissement des flottes de véhicules professionnels.

La 2 CV du XXIe siècle

La mobilité durable, Gaël Lavaud en a fait son leitmotiv. Docteur en mécanique formé à l’École Centrale de Lyon, il a travaillé quinze ans dans l’industrie automobile avant de créer sa propre affaire. Avec Gazelle Tech qu’il lance en 2014, il a en tête de concevoir une voiture électrique frugale en énergie tant pour sa fabrication que pour sa consommation. Une voiture inscrite dans son époque, celle du réchauffement climatique.

L’impact global environnemental de ce véhicule, en tenant compte de sa fabrication et de son usage est 40 % inférieur à tous les autres véhicules électriques

Pour y parvenir, dès le départ, il a concentré ses recherches sur le châssis. Avec comme premier objectif de l’alléger. "Car 75% de la consommation d’un véhicule est déterminé par son poids" fait remarquer l’ingénieur.

La prochaine version sera équipée de panneaux solaires
La prochaine version sera équipée de panneaux solaires
© Radio France - Annabelle Grelier

Pas d’acier jugé trop lourd, il est conçu en matériaux composites à base de fibre de verre et d’autres matériaux tenus secrets et brevetés. La Gazelle pèse aujourd’hui 900 kilos quand les voitures de taille équivalente pèsent 1,6 tonne en moyenne.

Avec 900 kilos, la Gazelle serait déjà la voiture la plus légère du marché. Mais Gaël Lavaud estime qu’il pourrait encore l’alléger d’une centaine de kilos en utilisant des matériaux biosourcés et français comme du lin ou du chanvre. Deux filières d’excellence qui seront bientôt capables de fournir des fibres de qualité.

Faire léger, ça existe depuis longtemps, ce qui est difficile c’est de faire léger et robuste. Nous avons développé et breveté une technologie de châssis Aérocell légère, facile à assembler qui répond aux normes de sécurité

Gaël Lavaud, qui a passé dix ans à améliorer les performances appliquées aux crash-tests chez Renault, assure que son véhicule a passé tous les tests et qu'il est maintenant prêt à être homologué.

Celine Allhely, ingénieur calcul chez Gazelle Tech devant une simulation de choc frontal
Celine Allhely, ingénieur calcul chez Gazelle Tech devant une simulation de choc frontal
© Radio France - Annabelle Grelier

Fonctionnant avec une batterie au lithium, 15 watt/heure embarqués  pour une autonomie de 180 kilomètres et rechargeable en 4 heures sur une prise domestique ou borne électrique, la Gazelle sera dans son dernier développement équipée de panneaux solaires sur son toit.

Reportage sur cette voiture, petite citadine, 5 places, vitres électriques et climatisation. Par Annabelle Grelier

3 min

Production industrielle de rupture

L’autre point fort de cette voiture électrique réside dans sa conception simplifiée. Là où une voiture classique comporte 200 à 300 pièces, la Gazelle en compte seulement 10.

Comme un gros Lego, elle est facile et rapide à assembler ne nécessitant pas d’outils particuliers. Dans notre micro usine il y a tout le nécessaire avec quelques moyens de levage, un pont, de l’air comprimé une caisse à outils pour monter en une heure la voiture

Complètement à l’opposé des modes de production automobile actuels où les voitures sont fabriquées dans des giga factory, où les pièces parviennent des quatre coins du monde et les véhicules finis sont acheminés par cargos, Gaël Lavaud a imaginé la production locale au plus près de l’utilisateur.

Sa micro usine, est un Algeco d’une centaine de mètres carrés équipé d’espace de stockage pour les pièces détachées et d’un espace de montage qui selon ses calculs permettrait à une équipe d’une dizaine de personnes d’assembler 200 véhicules par an.

Pour nous, l’industrie de demain sera plus agile, moins lourde en investissements et plus ancrée dans les territoires. Notre modèle est aussi créateur d’emploi dans les zones rurales.

Le modèle d’affaire de Gazelle Tech n’est pas de vendre des voitures mais des micro usines, des pièces détachées et de la formation en partenariat notamment avec l’Afpa précise son fondateur, qui vise en priorité les collectivités locales mais aussi les concessionnaires et garagistes. Car la Gazelle selon lui répond parfaitement aux besoins des flottes professionnelles pour les déplacements urbains et des particuliers comme parfait second véhicule du foyer.

Gaël Lavaud, fondateur de Gazelle Tech : " 5 places, fermeture centralisée, vitres électriques et climatisation, à 20 000 euros elle n'a pas d'équivalent sur le marché"."
Gaël Lavaud, fondateur de Gazelle Tech : " 5 places, fermeture centralisée, vitres électriques et climatisation, à 20 000 euros elle n'a pas d'équivalent sur le marché"."
© Radio France - Annabelle Grelier

Mais le concept verra-t-il le jour en France ? s’interroge Gaël Lavaud. Depuis huit ans, une dizaine de salariés travaillent sur le projet. Ces emplois ne tiennent qu’à un fil aujourd’hui : la recherche de financement.

Prête à être homologuée, il nous faut maintenant passer à la phase d’industrialisation. Un cap toujours difficile. Nous cherchons des investisseurs mais il n’y a pas de culture du capital-risque en France comme en Allemagne ou aux États-Unis.

C’est vers l’étranger que Gazelle Tech pourrait en effet bien se tourner. Son concept intéresse particulièrement les pays émergents avec lesquels il négocie actuellement. Dommage pour un véhicule entièrement pensé et conçu en France. À l’heure où le prix des carburants explose et les chaînes d’approvisionnement sont aléatoires, l’idée de la Gazelle semble pourtant visionnaire.

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