“Au cours de ce siècle, près d’un milliard de personnes pourraient être exposées pour la première fois à une transmission virale par Aedes aegypti ou Aedes albopictus”, indiquait en mars 2019 une étude publiée dans la revue Plos. “Le risque de transmission lié au climat par ces deux moustiques augmentera considérablement, même à court terme, dans la majeure partie de l’Europe.” Alors qu’il pourrait diminuer dans certaines régions, comme dans les tropiques qui pourraient devenir trop chauds pour cette espèce.

Plus communément appelé “moustique tigre”, Aedes albopictus a connu une expansion mondiale spectaculaire, facilitée par les activités humaines, en particulier le commerce de pneus usagés (du fait de l’eau de pluie qu’ils contiennent lorsqu’ils sont stockés à l’extérieur, ce sont des lieux idéaux de reproduction pour les moustiques).

Vecteur de la dengue, du chikungunya, du Zika…

Il est désormais classé parmi les 100 premières espèces envahissantes par le Groupe de spécialistes des espèces envahissantes (ISSG), organisme rattaché à l’Union internationale pour la conservation de la nature. Or ce moustique est le vecteur des virus de la dengue, du chikungunya, du Zika, de la fièvre jaune, de la fièvre du Nil occidental, entre autres joyeusetés – Aedes albopictus est considéré comme un vecteur potentiel pour une vingtaine d’arbovirus.

Sous l’effet du réchauffement climatique, de nouvelles maladies vont ainsi apparaître dans des régions du monde auparavant épargnées. Un risque sanitaire sur lequel alertait l’Organisation météorologique mondiale (OMM) en mars 2020, dans son nouveau Rapport sur l’état du climat mondial :

Au cours des dernières décennies, l’incidence mondiale de la dengue a augmenté de façon spectaculaire, et aujourd’hui environ la moitié de la population mondiale est exposée à un risque d’infection.”

En Europe, le moustique tigre est désormais implanté dans au moins 20 pays, en particulier ceux du pourtour méditerranéen, et il envahit d’année en année de nouveaux territoires (nouveaux pays et nouvelles régions de pays déjà colonisés).

Cas autochtones de dengue en métropole

En France, sa première installation en métropole a été constatée en 2004, à Menton. À la fin de l’année 2020, il était implanté durablement dans 64 départements de métropole, selon les données de la Direction générale de la santé.

De premiers cas autochtones de dengue ont ainsi été signalés en métropole en 2010, suivis par d’autres en 2013, 2014 et 2015, de même que des cas autochtones de fièvre chikungunya dans le sud-est de la France en 2010 et 2014, indique le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies.