Dimanche 13 décembre, les États-Unis célébreront les dix ans du Healthy, Hunger-Free Kids Act, littéralement la “loi pour des enfants en bonne santé et bien nourris”, adoptée par le Congrès américain en 2010 à l’initiative de Michelle Obama. Céréales complètes, baisse des quantités de sel et de “laits écrémés aromatisés”, le régime imposé aux écoles par son prédécesseur et grand adversaire n’a jamais convenu à Donald Trump. À quelques semaines de la passation de pouvoir, le chef d’État américain redouble d’efforts pour rendre les normes alimentaires moins strictes.

L’administration Trump veut “réduire de moitié les céréales complètes, supprimer les limites de quantités de sel et réintroduire les laits au chocolat à 1 % de matières grasses”, liste The Philadelphia Inquirer. “Une nouvelle preuve du mépris de l’administration Trump pour la science”, regrette Kathy Fisher, responsable d’une organisation de Philadelphie spécialisée dans l’aide alimentaire aux personnes en difficulté. Le changement devrait particulièrement affecter les enfants de familles modestes dont l’accès à des repas équilibrés dépend davantage de l’école.

Une étrange course contre la montre avant l’investiture

Pour justifier ce retour en arrière, le ministère américain de l’Agriculture évoque un taux élevé de gaspillage alimentaire dans les écoles, lié au fait que les enfants “n’aiment pas les plats qui sont meilleurs pour leur santé”. Une position loin d’être partagée par les associations et par les experts en alimentation qui avaient déjà rejeté une proposition de changement en 2017. Certains districts scolaires, comme celui de Philadelphie, ont d’ailleurs déclaré qu’ils ne suivraient pas les nouvelles préconisations de l’administration Trump.

Cette dernière s’empresse toutefois de faire valider ses modifications à la loi avant de perdre le pouvoir. “Ils sont engagés dans une course contre la montre”, note l’Heritage Foundation, un groupe de réflexion conservateur. Car pour promulguer ses nouvelles normes alimentaires, l’administration Trump doit passer par une phase de consultation, rédiger un texte puis le publier, le tout avant l’investiture de Joe Biden le 20 janvier. “C’est une perte de temps pour tout le monde, considère Kathy Fisher, il serait plus utile de s’inquiéter de la crise du Covid-19 et du fait que les gens qui se retrouvent au chômage ne peuvent plus manger à leur faim.”