Publicité

Le soap-opéra GameStop inquiète les autorités

L’action du vendeur de jeux vidéo américain est repartie à la hausse vendredi, après un recul jeudi provoqué par une restriction des achats imposée par le site de courtage Robinhood. Colère des boursicoteurs et de certains parlementaires. La SEC va enquêter

Après avoir bondi de 83% puis perdu 44% jeudi, l’action GameStop a repris sa marche vers le haut vendredi. — © REUTERS/BRENDAN MCDERMID
Après avoir bondi de 83% puis perdu 44% jeudi, l’action GameStop a repris sa marche vers le haut vendredi. — © REUTERS/BRENDAN MCDERMID

La saga GameStop tourne au soap-opéra, avec son lot de rebondissements et de personnages improbables. Depuis le début de l’année, l’action du vendeur de jeux vidéo américain s’est envolée, soutenue par une armée de boursicoteurs et infligeant des milliards de pertes à de grands hedge funds qui avaient parié sur sa chute.

© Yahoo! Finance
© Yahoo! Finance

Au milieu de cet affrontement, Robinhood, le site de courtage préféré de ces petits investisseurs, est accusé d’avoir pris fait et cause pour les géants de Wall Street lorsqu’il a décidé jeudi de limiter les achats de l’action GameStop. Les conseillers financiers du président Biden affirment suivre l’affaire de près et des parlementaires réclament une enquête. Vendredi, la levée de ces restrictions a relancé la hausse de l’action, tandis que certains appellent les petits porteurs à prendre leur profit, avant que tout s’effondre.

Personnage principal de cette saga boursière, l’obscure chaîne de magasins de jeux vidéo coche toutes les mauvaises cases: peu présente en ligne, GameStop vend ses produits dans des centres commerciaux, que la pandémie a fini de vider. Estimant que sa valeur boursière allait s’effondrer, des hedge funds ont massivement parié sur le recul de son action. Mais son cours a été multiplié par 20 depuis que des armées de petits investisseurs se sont liguées pour acheter GameStop.

Lire aussi: GameStop, l’absurdité boursière du moment

Côté rebondissements, GameStop a momentanément atteint la valeur record de 33,7 milliards de dollars jeudi, six fois plus qu’une semaine auparavant. L’action a bondi de 83% à l’ouverture de Wall Street, avant de déclencher une interruption de cotation puis de chuter de 44%. Entre-temps, Robinhood avait imposé des restrictions sur les achats de 13 actions habituées aux montagnes russes ces derniers temps, dont AMC Entertainment (multipliée par quatre jeudi), Koss (passée de 4 à 90 dollars depuis lundi) et bien sûr GameStop. D’autres courtiers en ligne comme Charles Schwab et TD Ameritrade ont pris des mesures similaires entre mercredi et jeudi.

En outre, Robinhood a dû déposer 1 milliard de dollars de liquidités supplémentaires auprès d’une chambre de compensation chargée d’assurer la bonne tenue des échanges, inquiète du niveau de risques sur les marchés.

Fureur des «day traders»

La limitation des achats a déclenché la fureur des boursicoteurs adeptes du site de messages Reddit. Pour eux, Robinhood a défendu les intérêts des hedge funds perdants sur GameStop, car la vente de ces 13 actions est restée possible alors que les achats étaient limités. La situation est devenue d’autant plus ironique que le site de courtage s’est fixé pour mission de démocratiser la finance pour tous, ce qui avait justement suscité l’adhésion des «day traders» amoureux de GameStop.

Robinhood a également essuyé les critiques de plusieurs parlementaires américains, dont le sénateur républicain Ted Cruz, certains allant jusqu’à accuser la plateforme de manipulation de marché. La SEC elle-même, le gendarme des marchés américains, est sortie de sa réserve pour affirmer vendredi qu’elle enquêtait sur les restrictions de trading, afin d’établir si elles avaient pénalisé certains types d’investisseurs.

La levée des limites sur les achats des 13 actions, vendredi, a coïncidé avec une reprise de la hausse de GameStop, qui valait 352,01 dollars à 18h heure suisse, +78% sur la journée. C’est aussi vendredi que Citron Research a annoncé qu’elle ne publierait plus d’analyses sur des sociétés considérées comme surévaluées ou manipulées.