L’historien Philippe Contamine est mort le 26 janvier, à Paris, à l’âge de 89 ans. Il était connu pour être l’un des meilleurs spécialistes français de Jeanne d’Arc et de l’histoire de la France au XVe siècle. Né le 7 mai 1932 à Metz, il grandit dans une famille marquée par les guerres contre l’Allemagne. Son père, Henry Contamine (1897-1974), engagé très jeune, à 17 ans, pendant la première guerre mondiale, fut un spécialiste d’histoire militaire reconnu, dont les ouvrages La Revanche 1871-1914 (Berger-Levrault, 1957) et La Victoire de la Marne, 9 septembre 1914 (Gallimard, 1970) firent longtemps autorité.
Philippe Contamine quitte Metz lorsque son père est nommé professeur d’histoire à la faculté de lettres de Caen. Après des études secondaires au lycée Hoche à Versailles et au lycée Louis-le-Grand à Paris (hypokhâgne et khâgne), il passe l’agrégation d’histoire en 1956. Contrairement à son père, il met l’histoire contemporaine à distance, préférant se pencher sur l’histoire médiévale. Mais il opte pour le même objet historique : la guerre. Sa thèse intitulée Guerre, Etat et société à la fin du Moyen Age. Etudes sur les armées des rois de France (1337-1494), soutenue en 1969, est publiée chez La Haye Mouton en 1972.
Dans les années 1960, Philippe Contamine publie ses premiers ouvrages sur la société guerrière du XVe siècle. « Incontestablement, la période médiévale, dans son ensemble, est un moment où la guerre n’a rien de honteux. Elle est une calamité, tout le monde en convient, mais en même temps elle est dans l’ordre des choses », dira l’auteur d’Azincourt (Julliard, 1964) et de La guerre de Cent Ans (PUF, 1968), deux volumes maintes fois réédités.
Assistant à la Sorbonne, puis maître de conférences, il devient professeur d’histoire médiévale à l’université Nancy-II, à partir de 1970. Pur produit de l’école des Annales, il s’intéresse, dans La Vie quotidienne pendant la guerre de Cent Ans : France et Angleterre, XIVe siècle (Hachette, 1976), à l’économie, mais aussi à la vie privée, à la noblesse comme classe sociale et comme milieu, au rôle des chevaux et à l’exercice du pouvoir.
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A partir des années 1980, il approfondit ses recherches sur la Pucelle d’Orléans. Directeur du Centre Jeanne-d’Arc d’Orléans de 1985 à 1989, il lui consacrera plusieurs ouvrages, dont De Jeanne d’Arc aux guerres d’Italie. Figures, images et problèmes du XVe siècle (Paradigme, 1994) et Jeanne d’Arc. Histoire et dictionnaire (Robert Laffont, 2012), volume de plus de 1 200 pages qu’il codirigera avec Olivier Bouzy et Xavier Hélary.
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